Aujourd'hui, pas d'Actualités du Japon à proprement parler étant donnée qu'il y a très peu de changement depuis hier.

Par contre, le site lemonde.fr a recueilli de nombreux témoignages d'habitants du Japon dont la plupart sont français..

En voici quelques-uns et si vous voulez la liste complète, il y aura un petit lien en bas de l'article.

  • "Je commence à souffrir du mal des tremblements de terre", par Catherine A.

Il y a toujours des mots à apprendre, dans sa propre langue comme dans une langue étrangère. Comme on a le mal de mer ou le mal des transports, je commence à souffrir de jishin-yoi, littéralement le "mal des tremblements de terre". A Tokyo, nous restons très privilégiés : les immeubles sont restés debout, les coupures de courant ont été limitées, les commerces, à part pour l'eau minérale et les yaourts, sont approvisionnés. La radioactivité, publiée d'heure en heure sur le site du département, ne semble pas inquiétante pour le moment. Mais depuis une semaine, les répliques s'enchaînent l'une après l'autre.

Si la télévision ou la radio sont allumées, une musiquette discordante résonne. Il existe en effet un système de détection automatique des ondes vibratoires précédant immédiatement le tremblement de terre. Deux phrases de cinq notes ascendantes pour donner l'alerte. Dix secondes après, la secousse arrive, le lustre du plafond se balance, la maison grince. Très vite, la télé donne l'épicentre, la magnitude du séisme et l'intensité des secousses dans les zones touchées. Depuis le 11 mars, nous avons droit à une nouvelle rubrique, car la région du Tôhoku comporte cinq centrales nucléaires, un total de quinze tranches. Le présentateur de la télé fait l'appel : Fukushima Dai-Ichi, Fukushima Dai-Ni, Onagawa, Higashidôri, Tôkai Dai-ni. Ouf, pas de casse cette fois-ci. Mais je me surprends à guetter la moindre oscillation du lustre au plafond ou le tremblement de l'eau dans mon verre.

  • "Je dors encore avec mon passeport, un sifflet et mon téléphone", par Patrick L.

Ma compagne est encore à Hong Kong. Elle n'a pas cessé de m'exhorter à quitter mon emploi, à abandonner mes affaires et à m'envoler loin d'ici. Je dors encore avec, dans les poches, mon passeport, un sifflet pour alerter les chiens secouristes, une liasse de billets de banque, mon téléphone et mon livret de banque.

Rien n'a changé à Tokyo, sauf l'obscurité des rues, le soir, qui nous rappelle qu'il est inutile d'essayer d'ouvrir les yeux ; dorénavant, ce qui nous inquiète est invisible, n'est-ce pas ? Les rayonnements ionisants ! Il n'y a que les spécialistes qui les détectent. Les autres, nous tous, n'avons qu'a gérer notre effroi. Moi, en dépit de la coutume japonaise, j'ai décidé de dormir avec une paire de souliers près de mon futon.

  • "Je me retrouve sans emploi", par Olivier S.

Je vis au Japon depuis maintenant six ans. Depuis mon arrivée ici je n'ai toujours trouvé que des plaisirs à vivre ici. Maintenant il est vrai que nous vivons des moments très difficiles. A l'heure actuelle, mon premier problème, comme pas mal de Français, est le travail. Jusqu'à maintenant j'étais guide touristique pour des groupes de Français. Depuis la catastrophe tous les circuits que proposaient l'agence ont été annulés, faute de clients. Je me retrouve donc maintenant sans emploi. Je voudrais d'ailleurs dire merci à ceux qui, à la télé française, font de la mauvaise publicité sur le Japon et à ceux aussi qui ne font plus confiance à la nourriture proposée dans les restaurants japonais en France : ils participent à la chute de l'économie japonaise.

  • "Tokyo s'est transformée en une ville de province un peu terne", par Mathieu G.

(...) Tokyo s'est transformée en une ville de province un peu terne, sombre par moment, où la joie de vivre, et l'insouciance que nous y cultivions a disparu. Le nombre d'étrangers (résidents comme touristes) a fondu comme neige au soleil. Des amis, notamment des couples franco-japonais, sont partis. La population se retient de consommer ce qui relève du superflu par solidarité avec les sinistrés qui ont tout perdu, tout en sachant que ni le moral ni l'économie ne tiendront longtemps à ce rythme. Est-ce indécent de se remettre à vivre comme avant ? Personne n'a encore de vraie réponse à cette question. Nous vivons coincés entre une certaine fatalité et cette envie violente de rebondir tous ensemble.

  • "Ma résistance au stress sismique a semble-t-il gagné quelques degrés", par Louis

Les répliques succèdent aux répliques. Ce matin encore, dans le train, arrêté quelques minutes, puis en réunion en début d'après-midi. Le téléphone de mon collègue nous avait prévenus quelques secondes avant l'arrivée des secousses. On est resté immobiles et silencieux un moment, comme si on attendait les premières explosions en entendant les moteurs des B29.

Mon collègue guette ma réaction, mais je continue mon exposé, sans vraiment prêter attention aux secousses pourtant assez violentes. Ma résistance au stress sismique a, semble-t-il, gagné quelques degrés. Là est le danger... ne plus ressentir le danger par habitude ou par lassitude justement.

  • "Les escalators tous fermés, les écrans géants éteints", par Jacques H. J.
Certes il y a eu trois grosses répliques en moins de 24 heures, mais le quotidien ne fait sentir sa différence que dans les stations de métro moins bien éclairées ou les escalators tous fermés pour économiser de l'électricité.

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